
Il y a des conseils qui changent une vie. Pour Clément Battut, tout a commencé par une recommandation bienveillante. Après son CAP Pâtissier chez Pascal Auriat, lui aussi ancien élève de Michel Belin, il lui propose une idée simple : aller frapper à la porte de Michel Belin pour poursuivre sa formation avec un CAP Chocolatier. Ce n’était pas un simple conseil, mais une invitation à entrer dans un univers où le chocolat ne serait plus seulement une matière première, mais une passion dévorante. Ce conseil allait marquer le début d’un parcours exceptionnel.
Les premiers pas : un parfum de chocolat
Les souvenirs des premiers jours à l’atelier restent intacts. Tout semblait imprégné de chocolat. Une odeur envoûtante, qui imprégnait les vêtements et la peau, au point que ses proches lui faisaient remarquer : « Tu sens le chocolat, on dirait que tu vis dedans ! » Et ils n’avaient pas tout à fait tort.
Au milieu de ce quotidien gourmand, il y avait aussi la chaleur des petits rituels. Comme ces pauses du matin, simples mais précieuses, partagées autour d’un sandwich jambon-beurre avec les collègues. Des moments d’amitié et de complicité qui donnaient autant de goût que les créations elles-mêmes.
Plus qu’un métier, une vision
Apprendre avec Michel Belin, ce n’était pas seulement assimiler des techniques. Bien sûr, il y avait les gestes, la précision, les recettes. Mais l’essentiel se jouait ailleurs. C’était une vision de l’artisanat comme une aventure humaine et familiale.
Michel Belin incarnait ce mélange d’exception : l’exigence de l’artisan et l’audace de l’entrepreneur. Il montrait qu’il ne fallait jamais se contenter du présent, mais toujours anticiper, innover, voir toujours plus loin. « Rêver grand », voilà l’enseignement le plus marquant. Derrière chaque création, il y avait l’idée que la tradition pouvait dialoguer avec la modernité, et que la transmission était au cœur du métier.
Un gâteau, une phrase, une philosophie
Parmi les souvenirs, il y a ce gâteau aux noix, symbole d’une maison et du pâtissier. Mais plus encore, il y a une phrase, entendue bien après l’atelier, lorsque Michel Belin est venu visiter sa boutique récemment ouverte :
« Ne t’occupe pas des gâteaux, ça, tu sais faire. Regarde où tu peux agrandir ton entreprise. »
Ces mots sont restés comme un mantra. Ils rappellent que la technique, aussi solide soit-elle, n’est qu’un socle. La vraie réussite réside dans la capacité à oser, à se projeter, à grandir. Encore aujourd’hui, chaque doute ou hésitation s’éclaire à la lumière de cette phrase.
Un tremplin vers l’avenir
Passer par la maison Belin, c’est comme recevoir une clé magique. Une clé qui ouvre les portes des plus grandes maisons, mais aussi le respect des pairs. Ce passage lui a offert une légitimité précieuse, celle qui permet de se présenter sans crainte devant des MOF, ou d’intégrer des projets ambitieux.
Le nom de Michel Belin suscite immédiatement admiration et respect dans le milieu. Porter cet héritage, c’est avancer avec un climat de confiance inestimable, une reconnaissance silencieuse qui accompagne chaque étape du parcours.
L’encyclopédie vivante de la pâtisserie
S’il fallait résumer Michel Belin en une image, ce serait celle d’une encyclopédie. Non pas un livre figé que l’on consulte de temps en temps, mais un ouvrage vivant, vibrant, dont chaque page respire la passion. Une encyclopédie où chaque recette raconte une histoire, où chaque mot partagé devient une leçon de vie.
Michel Belin n’est pas seulement un formateur : il est une référence, un professeur dont l’influence s’écrit encore dans les gestes quotidiens de ceux qu’il a formés.
L’histoire de Clément Battut est celle d’un artisan guidé par une rencontre déterminante, porté par une maison qui a su allier tradition et audace. De l’odeur du chocolat aux phrases gravées dans la mémoire, chaque détail témoigne de l’impact d’un passage chez Michel Belin.
Aujourd’hui, cet héritage continue de s’exprimer dans ses propres créations, dans son entreprise, et dans la manière dont Clément Battut transmet à son tour. Parce que l’école Belin ne s’arrête jamais : elle vit à travers celles et ceux qui ont eu la chance d’en franchir les portes.



